Il y a maintenant quatre ans, j’ai reçu mon diplôme de flûte traversière. Dix ans que j’en jouais, déjà. La musique, ou plutôt jouer d’un instrument, c’est un sujet que je ne vois jamais sur les blogs – ou tout du moins, ceux que je peux suivre – c’est pourquoi, j’ai eu envie d’en parler, et parler un peu de ce que ça a pu m’apporter, même si maintenant je ne prends plus aussi souvent mon instrument qu’avant.
C’est, je pense, aux alentours de deux ans et demi que j’ai décidé que je voulais faire de la flûte traversière, alors que j’étais dans le fauteuil, devant un concert de Noël. L’envie m’est restée, j’ai donc commencé par du pré-solfège, et à 7 ans, j’ai tenu pour la première fois cet instrument qui me faisait rêver dans les mains. A ce moment là, c’était une flûte que je louais à une autre élève, et j’étais tellement petite que mes doigts arrivaient à peine aux dernières touches, mais c’était le bonheur. Tous les samedis matin, j’allais à l’académie, avec ma petite mallette Barbie qui grinçait en l’ouvrant, et mon petit livre de partitions orange, rejoindre ma jeune professeur bourrée de talent. Je faisais les exercices de respiration, apprenais les notes. En parallèle, j’étais obligée de faire du solfège, même si personnellement, je trouve que ça n’apporte pas grand chose, étant donné qu’on apprend tout aussi bien lors de l’apprentissage de son instrument.
Les années ont passé, les cours sont passé du samedi au mardi juste après l’école, où parfois on m’appelait « La petite fille à la flûte traversière », vu comme ce n’est pas forcément commun comme instrument. C’était facile, l’académie se trouvant juste à côté de l’école, je n’avais qu’à traverser la rue, et je passais mon après-midi dans cette petite classe que je connais trop bien, à faire mes devoirs, écouter les autres élèves, et moi-même apprendre. Un instrument, ça ne s’apprend pas « comme ça ». Il faut de l’entraînement, du travail et de la constance. J’ai appris déjà jeune à persévérer même quand je n’y arrivais pas, en travaillant un peu chaque jour. Je pense que ça m’a aussi beaucoup appris pour l’école, autant pour être capable de travailler de façon indépendante, que pour apprendre à aller au bout des choses. Car quand on aime, on ne lâche pas, et on continue de travailler et persévérer.
J’ai aussi appris beaucoup de techniques, la flûte traversière étant un des instruments les plus difficiles – mais pas aussi compliqué que le violon, c’est certain. C’est tellement satisfaisant d’entendre quelqu’un jouer, de se dire « si seulement je pouvais faire ça » et quelques années plus tard, se retrouver à apprendre le même morceau. La musique m’a aussi ouverte à d’autres choses, et m’a simplement élargi ma culture musicale. Quand, au début de l’adolescence tout le monde ne jurait que par les chansons passant à la radio – moi aussi, je chantais et dansais sur du Destiny’s Child évidemment – à côté, je découvrais des morceaux tantôt de Beethoven, tantôt de Bach, en passant par plein d’autres compositeurs talentueux. Et les rares fois où je venais à en parler à l’école, c’était pour qu’on me réponde « Hein c’est qui ça ? Oh du classique, pfouh c’est vieux et pourri. ».
Je dis les « rares fois où j’en parlais », car la musique était vraiment mon « jardin à moi », mon échappatoire. Je peux même dire que pendant l’adolescence, lorsque tout allait au plus mal et que je passais mes journées à pleurer, le mardi après-midi était mon seul moment de bonheur, celui qui me faisait garder la tête hors de l’eau. Je savais que j’étais en sécurité, dans un environnement positif, avec des personnes qui ne me voulaient que du bien. Jouer était la bouffée d’air dont j’avais besoin, celle dans laquelle je versais mes émotions, mais qui aussi, me permettait de les contrôler, et m’apaiser. Mon professeur était la personne à qui je me confiais, près de qui je pleurais aussi (beaucoup, la pauvre), et qui est au fil des années, devenue une amie. Elle m’aidait à m’améliorer dans ma musique, et me permettait de choisir des morceaux me correspondant, dans lesquels je me retrouvais, que je prendrais plaisir à apprendre, répéter, et travailler. Certains d’entre eux reflétaient aussi mes émotions.
Chaque morceau a son histoire, et elle est interprétée différemment, en fonction des personnes. Cet aspect jouait avec ma créativité, j’aimais mettre en scène une histoire reflétant les notes que je jouais, en l’interprétant à ma façon. Ce côté, l’imagination, permet d’ajouter des émotions à la technique, et à lier le tout.
La musique m’a aussi permis de me dépasser. Moi qui étais une adolescente très renfermée, j’ai commencé à jouer dans un groupe de flûte, dans lequel j’ai commencé en tant que « petite », pour terminer au bout des 10 ans avec la responsabilité de voix « portantes ». J’aimais jouer seule (je n’aimais même pas jouer devant ma famille), et je me suis pourtant retrouvée quelques fois dans l’orchestre de l’académie, à jouer pour le Télévie, et d’autres occasions. La peur au ventre, je la dépassais petit à petit, en étant fière de moi en descendant de scène.
Aujourd’hui, je n’aime toujours pas jouer devant des gens. J’ai d’ailleurs délaissé mon instrument (qui m’appartient étant donné que je l’ai acheté après quelques années que je jouais) lors de mes études, principalement car je n’avais plus les cours toutes les semaines étant donné que j’étais diplômée, mais aussi car les études me prenaient trop de temps. J’ai à ce moment là aussi commencé à bloguer, je me suis trouvée une passion supplémentaire, et j’étais aussi beaucoup mieux dans ma peau. Et puis, il y a plusieurs mois, je l’ai reprise. Un peu, comme ça, et ça m’a fait du bien de retrouver les touches, de voir que non, je n’avais pas tout perdu.
La musique m’a beaucoup apporté, autant au niveau du travail, qu’au niveau artistique. Ça m’a aussi apporté une ouverture d’esprit, et ça m’a aidée, plus que ce que je pensais à ce moment là de ma vie. J’ai eu envie d’aborder ce sujet, tout simplement d’écrire, car je ne vois jamais parler musique, et même si j’ai plus raconté une partie de ma vie, et que ça me semble tellement personnel que je ne sais pas si j’aurai le courage d’appuyer sur « publier ». Mais si vous aussi, vous faites, ou avez fait de la musique, j’aimerais beaucoup lire votre expérience, et ce que ça a pu vous apporter.
Oh ton article m’a beaucoup plu car je me suis retrouvée au fil de la lecture. J’ai moi aussi fait de la flûté traversière étant petite au conservatoire nationale de Lyon ! J’ ai toujours adoré les sons qu’il produit, meme maintenant 6 ans après mon arret je trouve toujours cela magnifique. Tu m’a redonnée envie de sortir ma flûte de mon placard et de réessayer! Ton article est super!
Bisous
Je n’aurais jamais cru qu’en écrivant ceci, que je pourrais toucher quelqu’un car j’ai avant tout écrit pour moi. Je ne pensais pas qu’une personne aurait pu se retrouver dans mes « pensées », et j’aurais encore moins imaginé donner l’envie de recommencer.. Donc tu n’imagines pas, ça représente beaucoup pour moi, alors merci ! Car donner l’envie de la musique, c’est quelque chose de précieux à mes yeux. Merci à toi pour ton commentaire !
Bisous !
Hello !
J’ai vraiment beaucoup aimé ton article puisque je suis moi-même également musicienne depuis les couches culottes (ou presque), et également Flûtiste ! 🙂
J’ai obtenu mon CFEM il y a quelques années de ça maintenant après des années de conservatoire et même si elles ont été des années assez difficiles, je pense aussi que ce sont des années qui m’ont énormément apportées.
Avoir un côté artistique en soit, ça donne une certaine sensibilité aux choses que peu de personnes ont je pense.
Tu m’as vraiment donné envie d’écrire à ce sujet également sur le blog, et j’espère que ça ne te dérangera pas si je le fais. Je citerais bien évidemment ton petit nom car tu m’as beaucoup inspiré.
Bisous à toi !
Sincèrement, je n’aurais jamais cru pouvoir inspirer avec cet article, je ne pensais même pas le publier au départ, donc ça me touche beaucoup. Je te rejoins entièrement lorsque tu dis que ça donne une certaine sensibilité. C’est comme si on utilisais des « touches » ou des cordes du corps humain dont on ne connais pas forcément l’existence autrement. La musique va un peu puiser au fond de la personne et sa personnalité.
Je serais vraiment, vraiment ravie de te lire à ce sujet, car comme je l’ai dit dans l’article, ce n’est pas un sujet que je vois sur les blogs (et de plus, je ne savais même pas que je trouverais des flûtiste dans le « cercle de la blogo » que je suis, ou dans mes lectrices. Ça me fait tout bizarre, et c’est tellement agréable à savoir !)
Gros bisous ma belle !
Très joli témoignage! Je n’ai pas appris la musique enfant mais j’aurais adoré. De fait, j’encourage mes filles à son apprentissage, la grande va démarrer le piano, la petite en est encore à la découverte instrumentale. J’espère qu’elles y trouveront autant de ressources positives que toi 🙂
J’espère sincèrement aussi ! Le principal est de leur laisser choisir leur voie, avec un instrument qui leur correspond, et qui les passionne (car faire de la musique par obligation ne fonctionne pas non plus). J’espère qu’elles y trouveront une sorte d’épanouissement ! (PS: il n’est jamais trop tard pour se mettre à la musique, si l’envie y est !)
Bisous
Effectivement on lie rarement d’articles sur un tel sujet, et c’est bien dommage…
Ton article fait plaisir à lire en tout cas ! Pour ma part, c’est plus classique, violon et piano (mais je connais « bien » la flute traversière pour avoir une mère qui en joue ^^) et je me reconnais beaucoup aussi dans ton article. J’ai eu la chance d’être passée par une école de musique géniale et pendant mon adolescence ces moments passés là-bas m’ont beaucoup apporté pour de nombreux aspects dont au niveau du moral ! J’adorais m’y rendre et ça a beaucoup participé à forger ma joie de vivre je pense. Et j’y avais jamais songé mais à lire ton article.. je me dis que c’est vrai que, surtout au début, travailler un instrument demande beaucoup de persévérance.. et on tient le coup souvent car on est passionné mais sans nous en rendre compte tous ces efforts sont surement bénéfiques pour forger notre caractère persévérant en général ! Sinon moi aussi, entre les études, de nouvelles passions… je suis parfois contrainte de mettre la musique un peu de côté.. mais il ne faut pas arrêter complètement !, ça serait trop dommage je trouve !
Je suis totalement d’accord avec toi ! C’est quelque chose qui aide à rendre plus joyeux au quotidien, et savoir jouer d’un instrument n’étant pas donné à tout le monde, c’est dommage d’arrêter complètement !
Bisous !
Merci pour ton article, ça fait du bien de lire un peu autre chose que les sujets habituels des blogs 🙂
je suis violoniste (j’ai souri en lisant « pas aussi compliqué que le violon » ; je t’avoue que, pour moi en tout cas, chaque instrument a ses difficultés particulières. J’aurais peur de toujours manquer de souffle, si je jouais d’un instrument à vent!) et je me retrouve dans beaucoup des choses que tu as écrites.
Le monde à part mais positif, et du coup le refuge quand on ne va pas bien, le fait de ne pas aimer jouer devant les autres… (mine de rien, pour moi c’est intime)
Je suis en pleine recherche pour « reprendre » mon violon alors que je suis professionnelle, et de lire d’autres expériences ou parler avec d’autres m’aide beaucoup ; ton article me conforte dans la direction vers laquelle j’ai envie d’aller, alors je te remercie 🙂
Je suis vraiment ravie que mon article puisse t’être utile, ne fusse qu’un petit peu. Et c’est effectivement vrai, chaque instrument a ses difficultés (je n’avais même pas pensé au souffle tellement ça me semble normal haha) mais il y a tout de même certains instruments plus compliqués à apprendre que d’autres (comme nos deux instruments, par exemple).
En tout cas, je suis heureuse que tu ais pu te retrouver dans mon article, ça me fait énormément plaisir !